Un fromage pourrait bien tomber

Installation, Corine Kleck & Isabelle Thelen,
Festival des Jardins Métissés, Parc de Wesserling,
Juin à Octobre 2024
Thème de l’année,  Les Fables de La Fontaine

Vernissage 1er juin 18h à Wesserling. 

Un fromage pourrait bien tomber » est plus qu’une simple référence à la fable classique « Le Corbeau et Le Renard ». Cette démarche artistique s’inspire de l’ensemble des fables pour créer un dialogue entre le passé et le présent, entre le symbolique et le contemporain. Nous nous sommes volontairement „libérées“ des animaux pour nous attacher plutôt à la symbolique de la fable et à sa critique sociale. Nous proposons une fable moderne, sous forme de dispositif visuel qui n’énonce plus de morale mais qui interroge et propose des lectures multiples. L’installation au sol de fourchettes dressées dents vers le haut est une invitation à interpréter les multiples significations qui se cachent derrière chaque élément de l’œuvre. Créant une métaphore visuelle du manque, nous évoquons aussi celle du désir, de la faim, de la recherche d’assouvissement, qu’il soit matériel ou symbolique. Chaque fourchette, plantée dans le sol, devient une voix silencieuse qui soulève des questions sociétales urgentes. Dans un monde en constante mutation, où les préoccupations environnementales et la gestion des ressources deviennent primordiales, l’installation évoque subtilement la nécessité du partage et de la solidarité. Les fourchettes dressées vers le haut résonnent comme un appel, une révolte, une expression de la faim non seulement de nourriture, mais aussi de justice et d’équité. Il y a dans cette œuvre une fermeté, une férocité qui reflète la brutalité du monde contemporain et des relations humaines. À travers cette réinterprétation des fables, nous aspirons à créer un espace de réflexion où les questions universelles et intemporelles doivent continuer à nous interpeller, où les récits du passé résonnent avec une pertinence nouvelle dans le contexte actuel. Sans aspect moralisateur, nous préférons placer chacun face à sa propre réflexion. C’est notre manière de réinterpréter les fables. Universelles et intemporelles, elles continuent à nous questionner et à interroger notre vision du monde.

Dans le cadre d’un projet artistique explorant le manque et les inégalités dans les ressources alimentaires, l’utilisation de gazon synthétique bleu dans un espace naturel devient une métaphore visuelle impertinente et paradoxale. Une forme de provocation qui tel un effet miroir, nous renvoie à nos contradictions. Comme contraste entre l’artifice et la nature, le gazon synthétique, symbolise par son artificialité, la façon dont les ressources alimentaires peuvent être manipulées et façonnées pour répondre à certains besoins ou désirs, tandis que la nature environnante représente la réalité brute et souvent inégalitaire de l’accès aux ressources alimentaires. Évoquant l’idée de frontières par la délimitation claire d’un espace privilégié (dans lequel le fromage pourrait bien tomber…), l’installation interroge aussi les frontières artificielles et les privilèges qui déterminent les accès à ces ressources.

Chaque fourchette, différente par sa forme et sa taille, symbolise une histoire unique. Certaines sont issues de dons personnels, empreintes de souvenirs domestiques et d’usages quotidiens, tandis que d’autres proviennent du domaine de la restauration rapide, portant en elles l’écho des repas anonymes et pressés. Ensemble, elles forment un kaléidoscope d’expériences humaines et dessinent les contours d’un monde qui fait face à des défis écologiques, économiques et politiques

Premier arbre du calendrier celtique, le bouleau symbolise la naissance, le renouveau. Il est celui qui éclaire la nuit, le parfait symbole de l’équilibre entre les différentes forces qui s’opposent pour que la vie soit possible. Doté de vertus multiples pour les humains, sa sève, ses bourgeons peuvent être consommés, son écorce et ses brindilles utilisées dans différents artisanats du monde. On peut y voir la métaphore de solutions potentielles telles que la redistribution des ressources, le développement de pratiques agricoles durables et l’éducation alimentaire.

Les artistes Corine Kleck et Isabelle Thelen sont deux plasticiennes qui partagent une sensibilité commune et dont les questionnements s’approchent. Ce projet collaboratif leur permet d’aborder différemment leurs pratiques respectives, en les bousculant et en es complétant. Comme, elles accordent chacune une importance particulière à l’esprit des lieux, ces jardins leur ont donné l’envie d’interroger et de surprendre à travers une proposition plastique qui mêle absurde et humour noir.

Un grand merci à tous les donateurs de fourchettes., vous avez rendu cette aventure possible.